Episode 6 : Colère

Publié: 02/08/2013 dans Uncategorized

C’était donc ça la mort… Souffrance, douleur, paralysie. Décidément, j’étais bien déçue. J’ai toujours pensé que la mort, c’était une sorte de trou noir. Je n’ai jamais cru à la vie après la mort, à la résurrection de l’âme ou à la réincarnation. Pour moi quand on était mort, on était mort : point final. Pas de paradis, pas de petits angelots, pas d’enfer non plus et de fournaise qui aurait grillé mes os pendant toute l’éternité. Non … pour moi la mort, c’était la fin de tout et une fin apaisante et bien méritée. Juste un corps qui se décompose pour ne laisser que des cendres. La paix éternelle.

 

Bon forcément, c’était sans compter sur le fait que les vampires existent vraiment. Indubitablement, ça remettait pas mal de théories en cause. En attendant, j’avais mal. Très mal. Impossible de faire un mouvement. Normal, si on suivait ma logique : morte = plus de corps, plus de corps = pas moyen de bouger … oui mais  dans ce cas là, plus de corps aurait dû être synonyme d’absence de douleur… et je souffrais terriblement.

 

Peut-être que c’était mon âme qui souffrait. Peut-être que j’étais en train de payer pour mes péchés. Pour avoir succomber au charme d’Adam, pour avoir couché avec lui.
Sauf que je ne croyais pas en Dieu… alors le péché… tout ça, pour moi, c’était des foutaises. Finalement, j’étais sûrement bel et bien vivante … il suffisait de vérifier.

 

Essayer d’ouvrir un œil. [Concentre-toi Eve, ouvre un œil !!!!] Alors que je tentais de faire cet effort, la douleur qui me perfora la tête fit monter en moi la nausée. [Doucement… respire calmement Eve, essaie de bouger un doigt de pied pour voir]. Pas de douleur. Juste la sensation que mon pied se trouvait bien au bout de ma jambe. Je tentais à nouveau d’ouvrir les yeux. Tout doucement, mes paupières s’entrouvrirent. Redoutant l’éclair de douleur qui m’avait transpercé le crâne, je respirais profondément.

 

Désormais, j’ai les yeux grands ouverts, mais je vois trouble. Ma vue n’arrive pas à se fixer sur ce que je vois. Il fait trop jour. La lumière est aveuglante. Finalement, je suis peut être au paradis. Ou alors, suis-je peut-être à l’entrée de ce long tunnel lumineux que ceux qui ont fait l’expérience d’une mort imminente, ont aperçu avant de revenir à la vie. Je cligne des yeux, ma vue s’accommode un peu mieux. Je fixe … un plafond. Un plafond parfaitement blanc. Je ne suis pas au paradis … je suis dans une chambre d’hôtel, allongée sur un lit.

 

Décidément, ça devient un peu trop une habitude de me retrouver dans un lit qui n’est pas le mien, dans un endroit qui m’est parfaitement inconnu qui plus est ! Je me sens lasse. Je ne suis pas morte. Je suis bel et bien en vie. Malheureusement. Cela aurait été tellement plus simple.

 

Je n’ai jamais été suicidaire. Il y a même une époque où j’adorais la vie, voire même où j’étais vraiment heureuse. Mais les années passant, tout s’était détérioré. Adam avait fini par tout me prendre : ma joie de vivre, mon innocence, mes rêves, mes désirs, ma réalité… tout. La mort finalement, ça n’aurait pas été si grave. Je n’aurai manqué à personne et moi, j’aurai pu me reposer enfin et surtout oublier. Mais ça aurait été trop simple, apparemment.

 

– Alors mon ange, t’es réveillée ?

 

Cette voix sortie de nulle part me fit sursauter. Mon cœur se mit à battre la chamade. J’essayais de relever la tête tant bien que mal pour apercevoir l’homme qui venait de me parler. La vision de l’Asiatique me revint à l’esprit. Ses mains autour de ma gorge. Je sentis la panique m’envahir. Ou alors était-ce Adam ? Je n’avais pas bien entendu sa voix. Je n’arrivais pas à savoir où il se trouvait.  Cependant l’adrénaline qui parcourait mon corps me permit de prendre appui sur mes coudes et dans un ultime effort je réussis à me redresser pour apercevoir dans un coin sombre de la pièce la lueur d’une cigarette. Bizarrement, c’est seulement à ce moment là que mon cerveau intégra cette information : l’odeur de cigarette que je sentais pourtant depuis mon réveil. L’homme sortit à demi de l’ombre et lança une brique de jus d’orange sur le lit.

 

– Bois – dit-il – ça te fera du bien.

 

Je le reconnu tout de suite… James…

 

Mon corps se détendit aussitôt. Je soupirai de soulagement. J’avoue que je ne savais pas trop bien pourquoi d’ailleurs. Pourquoi sa présence me rassurait-elle ? Pourquoi lui faisais-je confiance ? Aucune idée. Peut-être parce qu’il m’avait dit qu’il était mon ange gardien ? Peut-être parce qu’il m’avait sortie des griffes de mon bourreau ?

 

– Bois, répéta-t-il – faut que tu reprennes des forces, on ne pourra pas rester ici indéfiniment.

 

Je m’exécutais docilement. D’ailleurs, je n’avais pas la force de lutter.

 

– Dans 24 heures, on met les voiles, tu as dormi près de 10 heures, j’espère que tu te sens mieux…

 

Je manquais de m’étrangler.

 

– 10 heures ! M’écriais-je.

 

– Ouais, l’autre sale con ne t’a pas loupée… Je vais aller te chercher à manger. Il faut que tu reprennes des forces.

 

Et il s’éclipsa.

 

La chambre dans laquelle je me trouvais était minuscule. De type « Formule 1 ». Le genre d’hôtel que choisissent les commerciaux qui passent leur vie sur la route. Propre et fonctionnelle. C’est vrai que c’était propre et avec le minimum nécessaire : Un lit double, une minuscule salle de bain avec douche et WC, même une tv. Je n’avais aucune idée de l’endroit où l’on pouvait se trouver. Ce que j’espérais avant tout, c’était être loin. Très loin de l’homme qui avait essayé de me tuer. Loin d’Adam aussi.

 

Adam. Les choses s’étaient déroulées si vite que je n’avais même pas eu le temps de réfléchir à cet étrange moment que l’on avait vécu ensemble. Machinalement, je portais la main à mon cou, là où se trouvait la nouvelle morsure qu’il m’avait infligée, non loin de la première qu’il m’avait déjà faite. Cette fois, elle était plus profonde, plus douloureuse. Elle ne s’effacerait pas… jamais. C’était du délire cette histoire. Un vampire. J’avais l’impression d’être dans un mauvais feuilleton. Je repensais à ce que j’avais failli faire. Que se serait-il passé, si j’avais bu son sang ? Que serais-je devenue ?

 

James pénétra dans la chambre et me tira de mes réflexions. Il revenait avec un festin digne d’un roi : 3 sandwichs : un au thon, un au poulet, l’autre au fromage, une bouteille d’eau, 3 litres de jus de fruits et enfin des barres chocolatées. Il déposa tout ça sur le lit et me dit :

 

– Mange.

 

Directif cet homme décidément ! C’était sans appel. Apparemment, je n’avais pas mon mot à dire. Je n’avais pas le choix. A vrai dire, je n’avais pas vraiment faim. J’étais surtout épuisée. Mais il était certain qu’il me fallait reprendre des forces alors je pris un sandwich au hasard et mordis dedans.

 

– Tu ne manges pas ? Lui demandais-je

 

– Non j’ai déjà mangé…

 

James avait l’air nerveux. Il avait le visage fermé et me regardais à peine. Fumant cigarette sur cigarette, il avait également un tic nerveux avec sa jambe qu’il n’arrêtait pas de faire gigoter.

 

– On est où ? Demandais-je

 

– A 400 km de chez toi. Près de l’autoroute. Fallait mettre de la distance entre eux et nous.

 

– Mais c’est qui eux ?

 

Apparemment, ce n’était pas la bonne question à poser. Je vis son visage se durcir encore plus, ses yeux s’assombrir. Sa mâchoire se crispa imperceptiblement et il me répondit durement :

 

– Tu le sauras bien assez tôt.

 

En fait, je commençais vraiment à en avoir marre de ces réponses évasives qu’on n’arrêtait pas de me balancer à longueur de temps. J’avais l’impression de faire partie d’un jeu dont j’étais la seule à ne pas connaître les règles. Je me sentais ballotée comme une vulgaire poupée de chiffon. On me mordait, on m’interrogeait, on essayait de me tuer et je ne savais même pas pourquoi ! La colère commençait à s’immiscer en moi, l’énergie que m’avait procuré le sandwich m’y aidant. James me regardait à peine, s’agitant tout seul dans son coin. Il m’énervait. Son comportement m’énervait vraiment. Cette façon qu’il semblait avoir de m’infantiliser. Je ne supportais pas. J’avais juste envie de lui sauter au cou et de lui ordonner de répondre à mes questions une bonne fois pour toute. Mais je pressentais que ça n’était pas la chose à faire. Je n’aurai aucune réponse. Pas maintenant en tout cas.

 

Une douche. Il me fallait une douche. La douche, à défaut d’une bonne dose de whisky, était la solution à beaucoup de problèmes. Grace au sandwich, j’avais repris un peu d’énergie et même si je n’étais pas vaillante, je pouvais me lever et faire quelques pas.

 

– Qu’est ce que tu fous ? me demanda James agacé

 

– Je vais prendre une douche, ça te pose un problème ?

 

Il ricana en secouant la tête. Ce type était vraiment bizarre. Je ne cherchais pas à comprendre sa réaction et me réfugiais dans la salle de bain. Lorsque je vis mon visage, j’eu très peur. Mon teint était si pâle, mes yeux cernés, mon maquillage ne ressemblait plus à rien. J’avais l’air d’être une mort-vivante. Ma réflexion me fit rire jaune. Décidément, j’avais l’impression de vivre un des films d’horreur que j’affectionnais tant dans ma jeunesse. Sauf que là, c’était la réalité … et que c’était tout simplement du délire. Autour de ma gorge, l’homme qui m’avait agressée avait laissé de jolies marques de doigts violacées. On y voyait aussi la marque de morsure que m’avait infligée Adam, encore sanguinolente. Oui, c’était vraiment du délire. Je secouais la tête pour m’enlever ces idées du crâne et commençais à me déshabiller tant bien que mal. Lorsque je réalisais d’un seul coup, qu’effectivement, j’étais habillée. Comment je pouvais être habillée ? Si j’étais en train de regarder un film et que je me voyais en vedette, je me serai fait cette même réflexion :

 

« Genre la fille, elle vient de se faire enlever alors qu’elle est à poil au lit avec son Jules et d’un seul coup, elle se retrouve habillée de la tête aux pieds … pff bonjour les raccords de merde ». Sauf que là je n’étais pas dans un film et… que j’étais habillée quand même.

 

Je sortis la tête par la porte et lança à James :

 

– Comment ça se fait que je suis habillée ?

 

Il me regarda éberlué.

 

– hein ?

 

– Oui, qui m’a habillée ?

 

Il ferma les yeux, secoua la tête de plus bel. Il avait l’air fatigué.

 

– Ptain Eve, t’as des putains d’enfoirés au cul qui essaie de te tuer et toi, la seule chose qui te préoccupe c’est de savoir qui t’as habillée ?

 

Je sentis la colère montée à nouveau et je m’écriais :

 

– Non, j’ai plein de questions en tête !!!! Plein de questions auxquelles tu ne veux pas répondre ! Alors oui, cette question peut paraître con, mais j’aimerais que tu y répondes ! Car au moins cette reponse là, elle me permettra de garder un pied dans la réalité !

 

J’étais rouge de colère. Je manquais de souffle.

 

James me regarda et sourit. Il avait plutôt un joli sourire. Il semblait moins dangereux. Ce n’était pas un sourire franc mais ses yeux bleus pétillaient de malice.

 

– C’est moi qui t’ai habillée… et il me dit ça comme s’il me lançait un défit, fier de lui. Si c’est le fait de t’avoir vu nue qui te pose un problème … je peux te dire que tu n’as aucun complexe à avoir …

 

Il m’exaspérait. Je lui claquais la porte au nez et l’entendis rire tandis que je pestais dans mon coin.

 

La douche fut salvatrice. J’étais heureuse de pouvoir me délasser sous l’eau chaude après tout ce que je venais d’endurer. Heureuse également de retirer l’odeur d’Adam de ma peau, l’odeur du sexe aussi. La douche m’aiderait peut-être à y voir plus clair dans mes sentiments et m’aiderait peut-être à comprendre pourquoi je m’étais laissé charmer si facilement par Adam.

 

Je me séchais rapidement et remis mes vêtements. Je n’avais pas de sous-vêtements et je détestais ça. Il faudrait que j’en trouve en route.

 

Lorsque je pénétrais à nouveau dans la chambre, j’y trouvais un James qui faisait les cent pas dans le peu d’espace que l’on avait. Il me lança :

 

– Moi aussi, j’ai une question … pendant que vous faisiez votre petite affaire là … t’as pensé à te protéger ?

 

Je prenais la question comme une baffe. Il me faisait quoi là ? J’avais l’impression d’entendre mon père.

 

– Pardon ?

 

– Ptain Eve, dis moi que tu prends la pilule … dis-moi que tu l’as obligé à foutre une putain de capote…

 

Je ne répondis pas.

 

Et là, il explosa littéralement de colère :

 

– Mais putain de bordel de merde ! À l’heure du SIDA ! À l’heure où on contrôle les naissances ! Tu baises avec un putain de vampire et tu ne te protèges même pas !!!!!! Mais putain Eve ! T’es inconsciente ou quoi ????

 

Et me montrant du doigt :

 

– T’es dans une putain de merde Eve ! Tu t’es foutue dans une putain de merde !!!!

 

Et il sortit fou de colère en claquant la porte …

 

Je restais figée sur place … sans comprendre ce qu’il venait de se passer. Finalement, je n’étais plus très sûre d’être en sécurité avec lui.

 

(À suivre…)

 

 

Episode 5 : Néant…

Publié: 10/07/2013 dans Uncategorized

La douleur qui me réveilla, parut parcourir tout mon corps. A tel point que je ne sus déterminer d’où elle provenait. J’émis un vague gémissement, tentant vainement de me relever. J’étais allongée, vraisemblablement dans un lit … qui je le ressentis tout de suite, n’était pas le mien. Les draps étaient rêches contre ma peau. Une migraine tenaillait ma tête et ouvrir les yeux me parut un exercice insurmontable. L’angoisse commença à m’envahir tendit que les vapeurs de l’inconscience commençait à se dissiper. La pièce était éclairée grâce à la lumière qui venait du couloir, mais ma vision avait du mal à se fixer.

Tandis que j’essayais à nouveau de bouger, une sourde douleur envahit ma main et j’aperçus alors la perfusion qui pénétrait ma chair. Je compris alors. J’étais dans une sorte de chambre d’hôpital. Pourtant totalement atypique. Je saisis l’aiguille et la retirait d’un coup sec, fermant les yeux sous la douleur, c’est alors que la lumière s’alluma dans la pièce. Un homme se tenait à l’entrée. De type asiatique. Il était habillé d’un costume foncé, ses cheveux longs tombant sur ses épaules. Je me figeais sur place. Il s’avança d’un pas assuré vers moi et dit :

« ah ! La belle au bois dormant est réveillée ! Je commençais à m’impatienter. »

Je jaugeais l’homme. Mon cerveau reprenant ses droits, se mit à fonctionner à toute allure.

« alors Miss ? Bien dormi ? » dit il en ricanant.

Je ne répondais rien. Me demandant à la fois qui il était, où j’étais, comment fuir en cas de danger. Oui, car il était certain que l’endroit où j’étais n’était pas un endroit « normal ». Il ne s’agissait en aucun cas d’un hôpital et l’homme qui se tenait devant moi était loin d’être un médecin. Il continua à s’approcher de moi, lentement, assurément.

« Eve, c’est bien cela ? » demanda-t-il sans même attendre la réponse. Il s’agissait d’une question de pure forme.

« Eve nous avons à parler »

Décidément, beaucoup trop de personnes voulaient me parler ces derniers temps…

« Alors Eve… dis moi ce que tu sais sur notre ami Adam »

Cette façon de répéter mon nom ne me disait rien qui vaille… et ce choix de me tutoyer encore moins. Je restais muette.

« hum… je te fais peur ? Non ! Bien sûr que non ! Une femme courageuse comme toi ne peut pas avoir peur… »

Bizarre ce monologue. Il profita de cette façon de faire les questions-réponses pour s’approcher au plus près de moi et s’asseoir à mes pieds sur le lit. Entre temps, j’avais réussi à m’asseoir moi-même et je sentais la douleur palpiter dans ma tête.

« Alors Eve ? Je t’écoute »

La seule réponse qui me vint aux lèvres fut :

« Où est James ? »

Je ne sais pas pourquoi, j’étais sure qu’il était pour quelque chose dans ma présence dans cet étrange endroit, avec cet étrange homme.

Ma question eu pour effet de le faire rire aux éclats. Ce qui ne manqua pas de me surprendre et de me crisper encore plus.

« James ????? Mon Dieu ! James ???? On dirait que cet imbécile de James a encore fait une belle bourde ! » et il perdit aussitôt son sourire.

Cet homme était malsain. C’était palpable. Je ressentais la violence qui émanait de lui. Il était dangereux et la peur commença à s’immiscer dans mes entrailles. Il se leva.

« C’est moi qui pose les questions… » dit il sur un ton dur, froid qui n’appelait aucune protestation.

Se tournant vers moi, il dit :

« je t’écoute ! »

Que faire ? Mon cerveau se mit à fonctionner de plus bel. Quelle tactique adoptée avec ce genre d’individu ?

Je tentais un vague :

« je n’ai rien à dire… »

« ah oui ? Vraiment ??? … pourtant, il semble que tu l’ai côtoyé d’assez prêt… suffisamment prêt pour qu’il te fasse une jolie marque dans le cou… »

Instinctivement, je portais la main à mon cou. C’était douloureux. Tout mon corps était douloureux.

« c’était bon n’est ce pas ???? Je suis sure que tu as adoré ça !!! Toutes les femmes adorent ça! » dit il en ricanant de plus bel

Je sentis la nausée monter dans ma gorge au souvenir de ce que j’avais fait.

« ahaha il est bien temps de trouver ça répugnant ! D’après ce que je sais ! Ça ne t’as pas déplu »

« assez ! » m’écriais-je

Mon premier faux pas.

Il se mit à tourner autour de moi, comme un fauve autour de sa proie.

« Eve, ma petite Eve, ma question est pourtant simple : que sais tu sur Adam ??? »

« Je n’ai rien à dire sur Adam ! Et si j’avais quoi que ce soit à dire sur lui, je ne le ferais pas avec un homme dont je ne connais pas l’identité » répondis-je, essayant de prendre le ton le plus sûr que je connaisse.

L’homme se figea. Et se tournant vers moi, le visage dur, il me demanda :

« tu veux savoir qui je suis ???? »

J’opinais du chef. Et c’est alors qu’aussi vif qu’un chat, il me saisit durement à la gorge, me coupant le souffle et me surprenant, il me cracha à la figure :

« tu veux vraiment savoir qui je suis, pauvre folle ? Réponds à ma question ???? Que sais tu sur Adam… aimes tu souffrir à ce point »

Je suffoquais. Je tentais vainement de retirer sa main d’autour mon cou. Mais il avait une telle force et moi même je me sentais si faible.

Je sentais l’obscurité m’envahir à nouveau tandis que je me débattais. La voix de l’homme hurlant dans ma tête pour s’atténuer de plus en plus. Il relâcha sa pression et me gifla durement. J’émis un petit gémissement. J’étais sonnée à la fois par l’étouffement et par la force du coup. Il me saisit par les cheveux, s’approcha de mon oreille et me murmura « réponds pétasse … que sais-tu sur Adam ??? »

Je gémis à nouveau et sous l’effet du KO, dit d’une voix faible « … c’est un vampire… »

L’homme me lâcha et rejeta ma tête en arrière. Celle-ci alla s’écraser sur mon oreiller. Il éclata d’un rire qui me déplu de suite.

Il effectuait de grands pas dans la pièce, tournant en rond et vociférant « un vampire !!!!! nan mais sans blague ! un vampire !!!!! nan mais on croit rêver !!!!! »

Je ne savais pas si je devais me réjouir de cette réaction ou encore m’en inquiéter encore plus. Il se tourna vers moi et je vis sur son visage qu’il n’y avait pas lieu de se réjouir… malgré mon coma proche, je vis sur le visage de l’homme toute la colère qui bouillonnait en lui et mes entrailles se crispèrent lorsque je le vis approcher de moi à grandes enjambées. Il me frappa à nouveau au visage et me lança : « tu te fous de ma gueule ???? »

Je répondis faiblement « je sais que c’est incroyable mais … » et joignant le geste à ma parole, je portais la main à mon cou – à l’endroit exact où Adam m’avait mordu.

Il rit de plus bel et hurla « mais je sais que c’est un vampire !!!!!!! crois-tu m’apprendre quelque chose ??? »

Je le regardais étonnée. Mon cerveau n’arrivait plus à faire le lien. Je n’arrivais plus à raisonner et l’homme le vit de suite. Il s’approcha de moi et me murmura à nouveau « tu ne sais rien en fait … tu ne sais rien … tu ne sers à rien… James m’a berné»

Et je sus … je sus que j’allais mourir … Cet homme allait me tuer, froidement, sans remord … et il ne me restait plus aucune force pour me défendre, pour tenter de m’enfuir … j’allais mourir telle la gazelle blessée, achevée par le lion et je ne pourrais même pas crier. Tandis que je sentais mes dernières forces me quitter, tandis que l’idée de mourir soudain ne m’effrayait plus, je me surpris à souhaiter que ça arrive vite. La mort m’apporterait enfin le repos. Plus de tourment, la paix éternelle, plus besoin de souffrir, d’éprouver, plus de remords, plus de culpabilité… juste le néant … enfin la liberté… et tandis que toutes ses idées se frayaient un chemin en une fraction de seconde dans mon cerveau qui s’évadait … tandis que je sentais les mains de l’homme serrer à nouveau durement ma gorge, j’entendis le bruit de la porte s’ouvrir avec fracas, mon souffle s’arrêter et … plus rien … j’étais morte … la faucheuse m’avait enfin emportée … à moi la paix … enfin …

(à suivre…)

Episode 4 : Faiblesse…

Publié: 10/07/2013 dans Uncategorized

J’étais partie du pub sans me retourner. Le cœur battant la chamade. Ne sachant plus trop quoi faire. Je ne me sentais plus guère en sécurité où que ce soit. Il ne me restait plus qu’à rentrer chez moi et à m’enfermer. Peut-être pourrais-je réfléchir à la situation plus calmement. Je m’étais réfugiée au « Muppets » dans l’espoir de remettre mes idées au clair après l’épisode de la Rose et voilà que ce type était apparu. Etrange personnage. Je ne me sentais pas en danger vis-à-vis de lui mais ne comprenais pas bien ses motivations. Il sortait de nulle part et m’annonçait vouloir me protéger d’Adam et un millier de questions tournaient dans ma tête « pourquoi ? » « qui était-il ? » « et que venait-il faire dans cette histoire ». Me torturant la tête avec cette multitude d’interrogations, j’étais arrivée devant chez moi. Je tressaillis en repensant à la rose mais il fallait à tout prix que je passe outre et que je rentre chez moi. Me faire un bon café pour m’éclaircir l’esprit et prendre les problèmes un par un pour les régler. Il était déjà tard, je me sentais lasse mais je savais que je ne pourrais pas trouver le sommeil comme ça. Arrivée devant ma porte, j’enfonçais la clé dans la serrure, mon cœur s’accélérant bêtement… Comme si, je craignais quelque chose. J’étais quelque peu paranoïaque, m’attendant à tout moment à me faire attaquer. Je rentrais donc au plus vite chez moi. Je pénétrais dans mon salon et au moment même où je posais ma main sur le bouton de la lumière, je sus qu’il était là. J’allumais la lumière. Il était confortablement assis dans mon fauteuil en cuir, un verre de whisky à la main. Notre boisson préférée. Paradoxalement, toute peur m’avait quittée. Il était là devant moi et je n’avais plus peur. J’avais tellement fantasmé sur ce qu’il pourrait me faire que maintenant que j’étais devant mon ennemi, je ne craignais plus rien. Mon ennemi, mon meilleur ennemi. Le meilleur moyen d’exorciser toutes mes peurs étaient de les affronter et j’allais pouvoir le faire ce soir.

« Bonsoir ma puce… »

Je tressaillis … Tant de souvenirs réapparaissaient dans cette simple phrase. Je posais mes affaires et enlevais mon manteau. Tâchant de ne pas perdre ma contenance.

« Tu m’excuses, je me suis servi …. Je vois que tu as toujours aussi bon goût en matière de Whisky ».

« Oui… On ne perd pas les bonnes habitudes … » dis-je doucement

Il ricana. Jadis, j’adorais son rire. Il ne riait pas souvent mais j’aimais quand il le faisait et j’aimais d’autant plus cela quand c’était moi qui le provoquait. Je m’approchais de la console où je mettais ma carafe à Whisky et me servit à mon tour… Adieu, le café … Bonjour le Whisky… j’avais bien besoin de ça …

« Alors ? heureuse de me revoir ? » me demanda-t-il d’un ton joyeux.

J’avais tellement l’impression de le retrouver tel que je l’avais connu… Celui que je chérissais en secret… Celui qui ne m’aimerait jamais …

« Ce n’est pas le terme que j’aurai choisi … »

Je n’osais pas me retourner, croiser son regard pouvait me faire courir à ma perte.

Je sentais mon cœur taper dans ma poitrine. Je ne savais pas quelle attitude adopter. Je me retournais doucement, décidant d’aller me réfugier dans un coin de mon canapé juste en face de l’endroit où il était assis.

Il me regardait franchement, un léger sourire en coin, sa posture indiquait à quel point, il était sûr de lui. Je plantais mon regard dans le sien, espérant qu’il ne sente pas ma peur. Contre toute attente, il baissa les yeux. Il prit une cigarette dans le paquet qu’il retira de sa poche et l’alluma et me dit doucement :

« tu m’as manqué… »

Un long frisson parcourut mon échine. Je sentis mes armes tomber. Je le regardais sans comprendre… Et je lui en fis part :

« je ne comprends pas… »

Il releva les yeux et les plongea dans les miens et me dit avec assurance :

« je t’aime Eve…, je t’ai toujours aimé… »

Mon cœur s’arrêta de battre une fraction de seconde. J’émis un petit rire nerveux :

« tu as une drôle de façon de montrer ton amour ! la dernière fois que tu m’as vu, tu as essayé de me tuer ! »

« te tuer ma chérie ? mais voyons ! jamais ! t’élever ! oui ! t’offrir un vie meilleure ! »

Je secouais la tête tristement.

« De toute façon, il est déjà trop tard pour toi … tu as déjà été … comment dire … contaminée »

Je relevais la tête brusquement : »Comment ça ??? »

« Mon sang coule dans tes veines ! Tu ne le ressens pas ? ne m’attends-tu pas depuis tout ce temps ? ose me dire le contraire, ose me dire que tu ne mourrais pas d’envie de me revoir … Ose me dire que tu ne rêves pas nuit après nuit de moi, ne rêves tu pas que je te prends dans mes bras et que je te fais mienne … à tout jamais… »

Je me mis à me tortiller bêtement sur mon canapé … Bien sûr que je rêvais de lui chaque nuit ! chaque nuit de cauchemar ! toujours la même scène ! toujours la même peur ! ses crocs dans le creux de mon épaule ! la même douleur et pourtant le même plaisir.

Je me levais pour me servir un autre verre. Je sentais un véritable malaise m’envahir. Comme toujours, il avait raison. J’avais toujours autant de mal à l’admettre. Mais il avait raison. Je l’avais attendu, nuit après nuit… et il était là.

Sans même que je ne m’en aperçoive, il s’était approché de moi. J’eu d’abord un mouvement de recul mais il me retint durement et me serra dans ses bras. Je sentis alors toutes mes défenses s’effondrer. Tout s’effacer pour laisser place aux sentiments que j’avais toujours éprouvés pour lui … malgré tout… malgré l’horreur qu’il était devenu… je l’aimais… malgré tout ! je sentis les larmes monter en moi et les sanglots m’envahir… J’étais là tout contre lui, je sentais la chaleur de son corps, son cœur battre, ses mains caressant mes cheveux alors que mes sanglots secouaient mon corps… et j’entendais sa voix. Sa voix qui me disait doucement que tout allait s’arranger… qu’il était là, qu’il allait prendre soin de moi et que je finirai par tout oublier. Et j’avais… j’avais tellement envie de le croire… c’était tellement plus facile … lâcher prise… ne plus fuir … fermer les yeux et faire semblant d’être heureuse… Sans même que je ne réalise ce qui était en train de se passer, je me retrouvais allonger, Adam, m’embrassant, et me déshabillant habilement. Mon esprit était parti ailleurs et je ne comprendrais jamais comment. Je me sentais enivrée et me laissait faire, emportée par mon propre désir. Dans ma mémoire, tout est flou… Je n’arrive plus à me souvenir de ce qui s’est réellement passé ce soir là… Peut être ai-je simplement voulu oublier… me déculpabiliser ? ou ignorer ma faiblesse ? tout lui faire porter … Il était pourtant flagrant qu’il ne m’avait pas forcé … bien au contraire… Il ne me viola pas cette nuit-là, même si j’aimais à essayer de me le faire croire… je l’avais voulu autant que lui et aujourd’hui encore, je regrettais cet instant de faiblesse … parce que je ne me sentis jamais aussi vivante que ce soir là …

Dans mon amnésie, je me souviens pourtant de la tendresse de ses caresses, de la douceur de ses baisers et de l’intensité de mon plaisir lorsqu’il se retrouva en moi. Je ne peux dire combien de temps cette scène dura … Je me souviens seulement que lorsque je sentis exploser dans mon ventre le feu d’artifice spécifique du plaisir, il planta violemment ses crocs dans le creux de mon cou et bu en moi comme en un calice. Je restais inerte tandis que mon sang fuyait mes veines pour le nourrir tandis que s’intensifiait en moi une myriade de sensations toutes plus exquises les unes que les autres. Je sentais mes forces m’abandonner. Je vis alors Adam se soulever légèrement et mordre son poignet laissant échapper un petit filet de sang au coin de sa bouche… Je me sentais partir… L’évanouissement était proche et tandis qu’il approchait son bras de ma propre bouche, mon regard fut attiré par une ombre furtive qui approchait.

« Bois mon amour … rejoins moi » murmura Adam

J’entendis alors un bruit sourd tandis qu’Adam tentait de me faire rallier les rangs de ses congénères et il s’écroula mollement sur moi. C’est alors que je vis au dessus de moi, l’ombre furtive que j’avais aperçu quelques secondes plus tôt. Mon esprit m’abandonna alors et avant même que je puisse reconnaître l’intrus, je sombrais dans le néant.

(à suivre…)

Episode 3 : James…

Publié: 10/07/2013 dans Uncategorized

« Qui êtes-vous ? » dis-je en me crispant sur mon siège.
« James… »

* * *

James était blond aux yeux bleus. Les cheveux coupés très courts, il était toujours habillé entièrement de noir et avait fière allure. Son visage était creusé et anguleux, sévère et froid. Depuis des semaines, il s’installait dans sa Desoto Sportsman de 1959. Voiture quelque peu voyante en effet, mais quoi de mieux pour passer inaperçu qu’une voiture voyante ? une cigarette aux lèvres, il attendait … Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’il l’observait… souvent comme ce soir, dans l’obscurité de sa voiture, parfois dans l’ombre d’un porche … Elle ne semblait pas l’avoir remarqué. Pourtant, elle était aux aguets, toujours sur le qui-vive. Elle avait l’air d’une proie traquée. Ce qu’elle était réellement en fait. Au fils des jours, il avait appris à la connaître un peu. Elle sortait presque tous les soirs à la même heure pour rejoindre ce pub, le « Muppets ». C’était curieux pour une fugitive de prendre de telles habitudes, de s’adonner à une telle routine. Il pensait que cela devait la rassurer. Sous ses airs de petite bonne femme qui jouait les dures, elle semblait si vulnérable et fragile. Il avait fini par l’apprécier et regrettait qu’elle se soit embarquée dans une telle histoire. Elle ne méritait vraiment pas ça.
Ça n’avait pas été facile de la retrouver après son départ de sa ville. Elle avait fui Adam et elle avait bien réussi son coup et depuis quelques semaines, semblait reprendre un peu de vie. Elle souriait à nouveau, mais ça ne durerait pas. Si James avait réussi à la retrouver, il était évident qu’Adam le ferait bien vite et c’est pour cela qu’il avait décidé de renforcer sa filature. Il sourit sauvagement en pensant à la façon bête et méchante avec laquelle il allait se faire piéger. Cette fille était son talon d’Achille. Une fois qu’il aura retrouvé Eve, il ne manquera pas de vouloir la voir à tout prix et c’est là que James l’attendra. Il jubilait à cette pensée. Il saisit à nouveau son paquet de cigarettes et en alluma une avec délectation. Avalant la fumée, il ressentit le petit pincement qui se produisait dans sa poitrine à chaque nouvelle première bouffée.
C’est donc perdu dans ses pensées, fixant l’entrée de l’immeuble d’Eve, qu’il aperçut à travers la fumée qui montait sur son visage, la silhouette svelte d’Adam. James se redressa vivement et son cœur explosa presque dans sa poitrine tellement l’excitation était forte. Il regarda Adam entrer dans l’immeuble. Il ne pouvait pas intervenir encore … Il le savait, pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Mais le moment n’était pas encore arrivé. Il savait qu’il ne s’attaquerait pas encore à elle. Tel le chat jouant avec sa proie, il savait qu’Adam s’amuserait d’abord à la torturer psychologiquement et c’est pour cela qu’il ne prit même pas la peine de le suivre dans l’immeuble. Adam en ressortit presqu’aussitôt d’ailleurs et cela intrigua fortement James qui fronça les sourcils. Il le suivit des yeux et attendit la suite des évènements. Près de quinze minutes plus tard, il vit Eve sortir de l’immeuble. Elle était crispée. Il connaissait chacune de ses postures. Et sans même voir son visage, il savait que quelque chose n’allait pas. Elle savait qu’Adam était de retour. La chasse allait commencer …

* * *

Le fameux James plongea ses yeux dans les miens, son regard était étrange et froid. Il me rappela étrangement celui d’une bête sauvage et je sentis un frisson monter le long de mon échine. Je ne détournais pas le regard de peur qu’il voit ma faiblesse. Me ressaisissant, je lançais :

« Mais encore ?… James … » prenant le ton le plus cassant que je connaissais.

Cela eu l’air de l’amuser. Il sortit un paquet de cigarettes, et en alluma une du coin des lèvres. Je regardais ce geste en me disant que j’avais toujours trouvé ça bêtement viril. Je m’étais toujours demandée comment des gestes aussi anodins pouvaient ainsi éveiller de tels sentiments. C’était primaire et stupide. Je l’avouais volontiers et pourtant, je trouvais ce simple geste très sexy. James me fit sortir rapidement de mes pensées qui ne manquaient jamais de vagabonder, en me disant :
« Je suis ton ange gardien… » et il sourit, l’air particulièrement fier de lui.
« Très drôle… un p’tit rigolo… manquait plus que ça ! qui êtes-vous bon sang !? » dis-je en essayant de durcir le ton.
« Je suis James, Trésor, et je suis là pour te protéger… »
« Me protéger ? me protéger de quoi ??? » ricanant à mon tour.
« Te protéger d’Adam bien sûr ! de qui d’autre ? »
Je m’étais raidie en entendant prononcer son nom… C’était toujours douloureux de l’entendre…
« Ton ami Adam… il te poursuit depuis qu’il s’est transformé n’est ce pas ? »
« Transformé ?? » dis-je d’un ton incrédule.
« Enfin, Eve ! ne fais pas l’enfant ! ne me prends pas pour un con ! il t’a laissé une jolie trace dans le cou à ce que je vois ! je sais que tu sais … C’est un vampire ! un ange de la nuit … ne fais pas comme si, tu l’ignorais… »
A cet aveu je baissais les yeux.
« Que voulez-vous ? » dis-je doucement
« Je te l’ai dit… te protéger … »
« Pourquoi ???? »
« Peu importe pourquoi … l’important, c’est qu’il ne te fasse aucun mal et que nous le neutralisions… »
Je relevais la tête intriguée. Mon esprit s’arrêtant sur le « nous »
« Nous ??? » dis je « qui nous ??? »
Je vis dans ses yeux qu’il venait de faire une erreur. Sa mâchoire se crispa. Il cligna imperceptiblement des yeux et après un petit moment de silence, finit par répondre avec agacement :
« j’ai dit « nous » comme j’aurai pu dire « je » … nous, toi et moi… j’en sais rien …»
Je sentais qu’il se passait quelque chose d’important d’un seul coup. Je devinais que l’homme assit en face de moi ne m’en dirait pas plus. J’hésitais sur la conduite à suivre. Il avait détourné le regard mais continua de parler :
« Adam est dangereux, tu sais qu’il te veut du mal… il voudra te convertir… c’est évident, il a déjà essayé … il ne supporte pas l’idée d’avoir échoué… tu ne dois pas devenir comme lui… et je l’en empêcherai… c’est tout ce qu’il y a savoir ! »
Je sentis que cette dernière phrase ne me donnait aucun droit de réponse et clôturait la conversation. Je retins tout de même de cette dernière que je ne devais pas devenir comme lui. Pourquoi ne devais-je pas ? Cette question se logea dans un coin de mon esprit . Il releva les yeux sur moi et j’entrevis à nouveau le prédateur. Pour toute réponse, je fermais mon ordinateur, me levait et partait…
Tandis que je l’entendais me lancer à la cantonade :
« Je veille sur toi mon cœur, je suis ton ange gardien ! » et il ricana de plus bel.

(à suivre…)

Episode 2 – Flashback

Publié: 10/07/2013 dans Uncategorized

Les yeux toujours fermés, le dos toujours appuyé contre la porte, je tentais de reprendre mes esprits. J’entendais mon coeur battre mes tempes et je sentais la migraine qui n’allait pas tarder à me tenailler la tête. Il fallait que j’agisse… mais par où commencer ? J’avais déjà fui une fois et cela n’avait servi à rien. Il était évident que désormais la seule issue était l’affrontement. En l’occurrence, si je ne savais pas où il se trouvait, lui, savait vraisemblablement où me trouver. Il me fallait prendre un peu de recul et réfléchir sérieusement. Au moment où l’incident s’était produit, j’avais eu l’intention de sortir comme tous les soirs pour me rendre au pub où j’avais l’habitude d’aller pour travailler. Munie de mon ordinateur portable, j’avais pris l’habitude d’aller au « Muppets » pour travailler sur mon roman. J’aimais bien l’ambiance qui y régnait. Le personnel était accueillant, la musique agréable et les habitués civilisés. C’est ainsi que chaque soir, ou presque, j’étais attablée au fond du troquet. Je décidais donc de faire comme d’habitude. Au moins, au milieu de la foule, je ne risquais pas grand chose et je pourrais peut être réfléchir à tout ça.

J’empoignais donc la sacoche de mon portable et me dirigeais dehors. La rose était toujours là, me narguant … Je la piétinais rageusement jusqu’à la transformer en bouillie. J’avoue que j’étais assez satisfaite de mon geste. Aussi dérisoire fut-il et pathétique en soit … cela m’avait soulagé. Le courage affluait en moi et je ne comptais pas me laisser abattre. Quoi qu’il se passe l’action était la meilleure solution à la peur qui tentait de s’immiscer en moi.

Je m’empressais donc malgré tout de retrouver l’antre bien douillette du Muppets. Dès que le barman, Ben, me vit entrer, il me fit un large sourire et m’invita d’un geste à m’asseoir à la table qui m’était désormais attitrée. Machinalement, je sortis le portable de sa housse. Bien qu’au fond de moi, je ne pensais pas pouvoir beaucoup travailler. Mais il fallait sauver les apparences. Il était déjà assez tard et les habitués étaient déjà là. La salle était envahie par un doux tumulte tandis que la musique réchauffait la salle. Je me sentais toujours bien ici. C’était mon deuxième chez moi. Et j’y venais presque tous les soirs depuis que j’avais emménagé dans le coin. Je me sentais quelque peu en sécurité et je commençais à me détendre petit à petit. Ben s’avança vers moi pour prendre ma commande et me lança « un double café comme d’hab’ ma belle ? »

Je fis un sourire timide et lui lançait « non pas ce soir… donne moi un whisky-coca s’il te plait »

Il eut un moment d’hésitation et dit « et bien … tu sors l’artillerie lourde ce soir ! des soucis ? »

-« oui … les fantômes du passé sortent du placard … »

Il me rendit mon sourire : « et bien JB est effectivement un très bon exorciste »

Et il partit préparer ma commande.

Je fixais mon écran. Me laissant hypnotiser par l’écran de veille qui tournoyait devant mes yeux. Il était flagrant que je ne pourrais pas travailler ce soir. A mon grand dam, mon esprit se mit à vagabonder. A faire un retour en arrière. J’avais essayé de refouler toutes ces pensées pendant tous ces mois mais voilà qu’elles ressurgissaient… et ma migraine avec…

J’avais connu Adam par une amie. C’était l’ami d’une amie. J’avais accroché dès la première fois où l’on avait échangé quelques mots. C’était un homme plutôt séduisant même s’il n’était pas le genre d’homme qui m’attirait en général. Brun aux yeux noirs, sûr de lui, drôle, il avait totalement attiré mon attention et nous nous étions vite liés d’amitié. Nous avions commencé par nous voir entre amis puis petit à petit, en tête à tête. Nous avions lié une véritable complicité et nous passions des moments vraiment intenses. Je n’avais jamais connu une telle communion avec quelqu’un et naturellement – petit à petit – je finis par tomber amoureuse. La barrière entre amitié et amour est bien mince parfois et je l’avais malheureusement abattue. Bien entendu, je doutais que cette attirance soit réciproque et j’avais donc gardé pour moi ces sentiments qui me paraissaient pour le moins étranges. Je n’arrivais pas à définir ce que je ressentais et essayais chaque jour de me persuader que je m’égarais et que je confondais l’amitié et l’amour. D’autant plus qu’il avait de nombreuses conquêtes à son actif et qu’il ne m’avait jamais fait aucune avance. Il n’était donc pas la peine d’être devin pour comprendre que mes sentiments n’étaient aucunement partagés. Je me contentais donc de prendre ce qu’il m’offrait et jusque là, cela me suffisait. C’était un homme ambitieux, un trait de caractère que j’aimais particulièrement chez lui. Il avait envie de s’en sortir dans la vie, il aspirait à un niveau social suffisamment élevé pour vivre confortablement. Parfois, pourtant cette ambition me faisait peur. Adam me semblait prêt à tout parfois… même du pire. Et c’est à cause de cette ambition que tout bascula un jour.

Nous nous étions retrouvés un soir dans mon petit appartement. Comme à notre habitude, j’avais sorti une bonne bouteille de vin et à vrai dire, nous avions un peu trop bu à ce moment de la soirée, lorsqu’il commença à aborder un sujet qui me parut sur le moment complètement délirant. J’avais toujours cru que cet homme était un homme rationnel et plutôt terre-à-terre. Je me considérais comme une femme ouverte d’esprit, et plutôt axé sur le spirituel mais le discours qu’il me tint ce soir là me perturba pour le moins. J’avais tout d’abord mis cela sur le compte de l’abus d’alcool mais j’appris à mes dépens qu’il n’en était rien.

J’avais fréquenté à une époque le milieu « goth » – de loin, bien entendu. J’aimais le style musical et je m’en étais rapprochée, trouvant le look assez original. Mais comme dans tout mouvement, il y avait des dérives et certaines d’entres elles consistaient en ce que certains gothiques, se prenaient pour des vampires. Ils adoptaient leur style de vie, leur tenue vestimentaire… enfin un tant soit peu que les vampires existent. Je trouvais ce genre de comportement puéril mais je ne le jugeais pas pour autant.

Ce soir là donc, alors que nous étions un peu gais, Adam m’avait annoncé qu’il voulait devenir un vampire. J’avais d’abord éclaté de rire, me moquant de lui, croyant à une boutade. Mais il s’était mis en colère et tandis que j’essayais de comprendre comment on en était arrivé à se disputer aussi violemment, il était parti en claquant la porte. Je n’avais pas eu de nouvelles pendant plusieurs semaines. Ne répondant plus à mes appels. Je me sentais malheureuse et je ne comprenais pas un tel comportement. Lorsqu’un soir, il sonna à ma porte. Il m’accueillit avec un sourire radieux et j’étais tellement heureuse de le voir que je lui sautais au cou, le serrant dans mes bras. A cet instant, il refusa de se détacher de moi, me plaquant plus fort contre lui, il me murmura « Eve, ma douce, ma tendre Evereve, Eve à l’infini, Eve pour l’Eternité… ». Cette voix … c’était étrange … ce n’était pas la sienne… m’écartant doucement, un peu intriguée et un peu anxieuse aussi, je l’invitais à entrer dans mon salon. Il s’assit sur mon canapé et le fixant, je lui dis sur un ton plaintif de reproche « tu ne répondais plus à mes appels ? »

Il me sourit et son allure me frappa. Il était plus beau que jamais, plus attirant encore… Je le regardais, tétanisée par sa beauté… Troublée, je lui proposais un verre et lui tournant le dos pour retrouver un peu de contenance, je lui servais un verre de whisky. Il remarqua mon trouble et s’approcha de moi avec assurance. Je n’avais jamais connu autant de virilité chez un homme et tant de beauté. D’un seul coup, je sentis mon désir pour lui, éclater … comme un feu d’artifice dans mes entrailles. Et lorsqu’il me prit à nouveau dans ses bras, se collant dans mon dos, je sentis mon corps se dérober presque sous moi.

« Eve, mon Amour …. tout va changer… tout sera différent… j’ai tellement changé… »

Sentant son corps contre le mien si tendrement serré, sentant la force qui émanait de lui, je n’eus qu’une envie … comme une obsession… m’offrir à lui, corps et âme… entièrement… je sentais déjà ses caresses sur mon corps … j’avais attendu ce moment tellement longtemps… un signe de lui … je l’avais désiré si ardemment et maintenant enfin …. mais …il y a toujours un mais … Alors que j’étais prête à m’offrir à lui, noyée sous ses baisers, il me murmura dans un souffle : « mon Amour, j’ai faim de toi…» et joignant le geste à la parole, me mordit violemment au cou… ces simples mots et ce geste insensé scellèrent la fin de notre histoire.

Le repoussant violemment … je lui criais « MAIS QU’EST CE QUE TU FAIS ! »

S’écartant de moi, il me sourit et éclata de rire. Je trouvais ce rire monstrueux. Il me dit « Pauvre gourde … qu’est ce que tu croyais ??? tu t’es foutu de ma gueule ! mais j’y suis arrivé !!! regarde moi ! je suis encore plus puissant qu’avant ! je suis encore plus beau, séduisant… tu l’as remarqué non !!!! » ricannant de plus bel …

« Je te laisse le choix de me rejoindre, de t’élever un peu, de sortir de ta vie médiocre …ou alors de continuer ta vie de pauvre fille sans avenir… jusqu’à ce que tu en crèves ! »

Ma seule réponse fut « Dégage… va-t-en enfoiré ! »

Je vis la colère dans ses yeux… Je sentis la violence qui émanait de son être et je l’aimais et le désirais à cet instant plus que jamais. Je vis son corps se raidir et je compris que c’était la fin … il me cracha simplement à la figure « pauvre conne… » et il disparut…

Sans même prévenir, je me mis à vomir tout ce que j’avais dans l’estomac… et me laissais emporter par les sanglots … Je se sentais souillée … et la nausée persista longtemps après le départ de mon ancien ami… Pourtant, étrangement, ce n’était pas lui qui me dégouttait … c’était moi … parce qu’il fallait bien admettre que je ne l’avais jamais autant aimé et désiré que depuis qu’il était transformé … et cette simple idée était pour moi inconcevable… moi, qui avais tant de « grandes valeurs »… je l’avais aussi désiré plus que tout …

Alors j’avais fui… pour fuir mon propre désir, pour me mentir à moi-même … être sure que si je le revoyais, je ne succomberais pas … j’avais tout quitté… ma famille, ma ville, mon passé…

Tandis que je repensais à ce soir là… douloureusement … je portais la main à mon cou … et relevais les yeux. Je rencontrais le regard d’un homme au bar qui était tourné vers moi et qui me fixait. Au même instant, Ben arriva avec mon verre et me dit :

« le blondinet au bar là, il veut de l’offrir… »

Je regardais l’homme qui leva son verre vers moi en signe de bonne santé. Cette situation ne me plaisait guère. Je n’avais pas le temps pour ce genre de badinage. Surtout pas ce soir. Je regardais Ben et lui dit :

« Dis lui que je refuse…, j’ai autre chose à faire ! »

Ben me sourit et alla transmettre le message. L’homme sourit et se détourna. Je ne voulais pas encourager ce genre de comportement. Je fixais à nouveau mon écran lorsque je le vis s’approcher de ma table. Déjà, je soupirais et m’apprêtais à le recevoir durement. Désignant la chaise en face de moi, il me dit :

« je peux ? »

« je crois avoir décliné votre invitation, il me semble » lui répondis-je d’un ton cassant, en lui lançant mon regard le plus noir.

Sans même attendre, il s’assit devant moi et se calant bien au fond de son siège, il me lança :

« je crois que nous avons à parler ma douce ! on dirait que ton ami aux longues dents est de retour … »

(…à suivre)

Episode 1 : La Rose

Publié: 10/07/2013 dans Uncategorized

La rose avait été déposée sur le seuil de ma porte. A l’endroit même où se trouvait mon paillasson. J’étais sur le point de sortir de chez moi lorsque le rouge de la fleur avait attiré mon regard. J’avais alors baissé naturellement les yeux vers mes pieds et avais vu la frêle fleur, jonchant délicatement et innocemment le sol.

Aujourd’hui encore, je revois la scène très nettement : mes clés m’échappant des mains comme au ralenti – comme on peut le voir dans certains films. Je les vois qui tombent lentement pour finir par s’écraser mollement sur le sol en faisant un bruit métallique. Ma bouche alors, n’avait laissé sortir aucun son, tandis que j’entendais un cri d’angoisse résonner en moi.

Mon premier réflexe fut de me réfugier instinctivement dans mon appartement. De refermer la porte derrière moi et de reculer dans le couloir. Mettre de la distance entre cette fleur et moi …

Je m’étais laissée envahir par la panique. Je sentais mon cœur battre à tout rompre et mes jambes commençaient à devenir molles. Je m’appuyais sur le mur, essayant tant bien que mal de reprendre mon souffle. Je fermais les yeux. Il fallait coûte que coûte que je retrouve mon calme.

« PUTAIN » hurlais-je en tapant violemment du pied pour me laisser ensuite glisser lentement le long du mur et m’asseoir mollement sur le parquet. La panique ayant laissé place à la rage, les larmes me montèrent naturellement aux yeux et je fondis en larmes… à la fois de désespoir, de haine et de chagrin.

Cela faisait maintenant six mois que j’étais dans ce nouvel appartement. Je commençais tout juste à m’y sentir bien, presque en sécurité. J’avais réussi à l’aménager avec goût et lumière et la vie reprenait son cours tout doucement. J’avais même recommencé à écrire et mon roman avançait bien. J’avais trouvé un éditeur qui veillait sur moi. Ma vie reprenait petit à petit un sens.

…Et la rose était apparue…

Naturellement ! Quelle idiote j’avais été, de croire que j’allais pouvoir faire table rase de mon passé. Recommencer ma vie et essayer d’oublier. Oui, essayez seulement …Parce qu’on m’avait dit que… tout s’efface, heureusement que le temps passe… Mais on oublie jamais vraiment… malheureusement.

Et j’étais là, maintenant, affalée dans mon couloir à pleurer sur mon sort… Cette simple constatation me fit immédiatement réagir. sans compter que … je venais de me souvenir que mes clés jonchaient encore le sol. Je m’étais enfermée chez moi … certes… mais mes clés étaient dehors ! Quelle idiote ! je sautais sur mes pieds, ouvris la porte violemment et récupérai mes clés au vol.

La rose était toujours là, menaçante… Je savais pourtant qu’Il n’était pas dans les parages… ça n’était pas dans ses habitudes… Il me connaissait suffisamment par cœur pour savoir quelle serait ma réaction lorsque je verrai la fleur. Il n’avait pas besoin de me voir, pour savourer son plaisir. Il était revenu… Il m’avait retrouvé… J’avais fui, mais il m’avait retrouvée… Tout ce que je désirais, moi, c’était recommencer une nouvelle vie, l’oublier… Mais jamais il ne me laisserait. Au fond de moi, je le savais pourtant … Je savais qu’il était suffisamment sadique pour tout faire pour me retrouver… et c’était fait … je me rendais compte cependant, qu’inconsciemment je l’avais toujours su … voire, je l’avais attendu et peut-être même espéré… et il est là …

Adossée contre ma porte fermée, mes clés à la main, j’essayais vainement de remettre de l’ordre dans mes idées… Je me sentais comme une proie chassée par un fauve. Instinctivement, je portais la main à mon cou… là où demeuraient les deux petites cicatrices… là où il avait posé ses lèvres… le soir, où il avait voulu me faire sienne… Remarquant mon geste, je retirai ma main brusquement… refusant de me remémorer cette fameuse soirée … commencement et fin de tout… de ma vie, de ma quiétude, de mon bonheur…

Alors même que je commençais à reprendre mon souffle tout doucement, mon téléphone portable se mit à vibrer dans le fond de ma poche. Je le sortis avec précaution et regardant le numéro, je ne pu voir que « appel inconnu ». Décrochant, j’entendis :

« Eve, EverEve, Eve pour toujours, Eve à l’infini…. »

Je raccrochais violemment, fermant les yeux, je su et je compris que désormais, il me faudrait me battre…

(A suivre…)